POUR LES GRANDES SURFACES À TRAVAILLER, QUELLES ALTERNATIVES AUX ANDAINEURS BI-ROTORS ?

La taille des troupeaux laitiers français continuera d’augmenter et les vaches mangeront plus d’herbe conservée pour diversifier les systèmes fourragers et diminuer la dépendance aux tourteaux. Conséquences : les chantiers d’ensilage sont plus importants (certains éleveurs fauchent 100 ha en une seule journée), la qualité nutritionnelle est privilégiée à la quantité et les légumineuses prennent plus de place dans les prairies. Les éleveurs ont besoin d’accélérer les débits de chantier pour profiter des fenêtres météo de 3 à 4 jours tout en ne sacrifiant pas la qualité. Aujourd’hui, les deux-tiers des andaineurs vendus en France sont des bi-rotors à dépose centrale ou latérale. Pour les grandes largeurs de travail, les machines à quatre rotors ou celles à tapis constituent des alternatives. Quels sont leurs avantages ? Quels sont leurs prix ?

Les évolutions des systèmes fourragers

• 52 % des éleveurs souhaitent augmenter leur surface fourragère au détriment des cultures de vente et 51 % souhaitent diversifier les espèces cultivées pour étaler les cycles de production.
• 39 % vont faire évoluer leur système fourrager et leurs rations en incluant plus de graminées et de légumineuses pour réduire la dépendance aux tourteaux.
• Les prairies temporaires de mélange et de légumineuses pures ainsi que les méteils vont se développer alors que le RGI en dérobée avant maïs, les graminées pures et le maïs fourrage reculeront.
(Source : Enquête Prospective Lait 2028 Agrinova auprès de 280 éleveurs laitiers, décembre 2022).

"AVEC MON ANDAINEUR À QUATRE ROTORS, JE PEUX VRAIMENT TRAVAILLER SUR TOUTE LA LARGEUR DE LA MACHINE"

Valentin Fillieul et Pascal Racinet, les deux associés du Gaec du Petit Bouveuche dans l’Orne, exploitent 250 ha de prés de vallée. « Nous sommes dans une région qui, historiquement, produisait peu de lait sur de grandes surfaces. Pendant la période des quotas laitiers, pour augmenter notre production laitière, nous avons dû reprendre beaucoup de terres » explique Pascal Racinet. Il s’est donc lancé dans le commerce de foin pour valoriser leurs nombreux hectares de prairies naturelles. Avec les deuxièmes coupes, les regains et les 40 ha d’ensilage de dérobées destinés à leur troupeau de 120 vaches laitières, ce sont plus de 500 ha d’herbe qui sont fauchés et andainés chaque année. La récolte du foin se fait en 4 jours. Le premier jour, l’herbe est fauchée et fanée dans la foulée. Le deuxième ainsi que le troisième jour, elle est fanée. Le quatrième jour, elle est encore fanée puis andainée et pressée en balles carrées. Les ballots de foin sont ramassés et stockés sous abri le jour même. « Le jour du pressage, nous sommes au minimum 4 sur le chantier » précise Pascal Racinet. Les deux associés se sont équipés d’un combiné de fauche de 11 m, d’une faneuse de 16 m, d’un andaineur quatre rotors de 12,5 m et d’une presse à balles cubiques avec un pick-up de 2,35 m, tous de la marque KRONE. « Nous pouvons avoir jusqu’à 130 ha fauchés qui attendent d’être récoltés » commentent les deux éleveurs . Malgré son débit important , la presse était le facteur limitant dans la chaîne de récolte car elle ne pouvait pas être exploitée à pleine capacité. « Comme nous courrons toujours après le temps, il faut maximiser son débit pour botteler au moins 50 ha par jour » explique Pascal Racinet. Pour augmenter les surfaces pressées par jour, il faut l’alimenter avec des andains volumineux et donc, travailler sur une grande largeur. Avant l’achat d’un andaineur quadri-rotors, les exploitants utilisaient un bi-rotors à dépose centrale de 10 m de large. A l’usage, ils ont expérimenté que « la largeur de travail effective ne dépassait pas 8,5 m car, quand la machine était déployée à son maximum, l’andain formé était trop large pour le pick-up de la presse ». Ils l’ont remplacé par un andaineur KRONE Swadro TC 1250, une machine à 4 rotors de 12,5 m de large. « Je peux vraiment travailler sur toute sa largeur car l’andain ne dépasse pas 2,2 m » constate Pascal Racinet après quelques mois d’utilisation. Une autre solution aurait été de s’équiper d’un bi-rotors à dépose latérale pour regrouper plusieurs andains. Pour Pascal Racinet, « la dépose centrale a l’avantage de former un andain plus régulier, plus tassé, moins torsadé et donc plus facile à ramasser avec le pick-up de la presse ». Le Swadro TC 1250, sans commande isobus, est le modèle d’entrée dans la technologie 4 rotors chez KRONE pour un prix catalogue de 80 000€ TTC (autour de 65000€ HT - 5200€ HT / m). La largeur de travail est comprise entre 9,8 m et 12,5 m pour une largeur d’andain de 1,4 m à 2,2 m. Les deux exploitants ont choisi la marque KRONE « pour la robustesse des machines et pour la qualité de ramassage » qu’ils jugent au nombre de bras sur chacun des rotors. Le TC 1250 est équipé, à l’avant, de rotors de 3,3 m de diamètre dotés de treize bras et de rotors de 2,96 m à quinze bras à l’arrière. Les rotors avant tournent 1,25 fois plus vite que ceux à l’arrière pour projeter l’herbe (et non la déposer en andain) vers les rotors arrière, ce qui contribue, selon le constructeur, à la qualité de l’andain. Les rotors tournent à sec grâce à des boîtiers à roulements à billes hermétiques qui ne nécessitent aucun graissage. Chaque bras est équipé de quatre doubles dents avec un profil courbé vers l’avant. Cela leur permet de soulever le fourrage qui pèse moins sur le bas des dents ; celles-ci reculent donc moins vers l’arrière en travaillant. Selon le constructeur, ce dessin des dents permet de positionner les rotors 1 cm plus haut qu’avec des dents droites. « Nous qui avons des silex dans nos prairies, nous pensons que cela limitera l’usure des dents » anticipe Pascal Racinet. La hauteur au sol se règle indépendamment pour chaque rotor avec une manivelle et un contrôle visuel sur une échelle graduée. La suspension des rotors avant est hydraulique et celle des rotors arrière par ressorts. Les largeurs de travail et de l’andain se règlent en jouant sur les distributeurs hydrauliques du tracteur directement depuis la cabine. Pour Pascal Racinet, « le TC 1250 n’est pas très différent en termes de mécanique, d’utilisation et d’entretien de ce que je connaissais avec mon andaineur à double rotors ». Il prévient, cependant, « qu’il faut un tracteur lourd pour ne pas se laisser entrainer par la machine qui pèse quand même 5,2 tonnes. Il faut-être vigilant sur la route ».

Article issu du magazine XXLait du Printemps 2023